L’industrie musicale est entrée dans une nouvelle ère, façonnée non seulement par la culture et la créativité, mais aussi par la donnée, la transparence et le potentiel d’investissement. Chaque année, deux rapports en dessinent les contours : le Global Music Report de l’IFPI et la plateforme Loud & Clear de Spotify. Tandis que le premier offre une vue macro des tendances mondiales, le second éclaire les dynamiques concrètes des revenus versés aux artistes et ayants droit.
Ensemble, ils offrent une grille de lecture rare et précieuse d’un écosystème financier en pleine maturation.
Alors que la musique devient une véritable classe d’actifs, ces rapports ne sont plus de simples instantanés : ce sont des boussoles pour les investisseurs, institutions et plateformes comme Bolero, qui font le lien entre innovation technologique et monétisation artistique.
1. Pourquoi ces rapports sont essentiels pour les investisseurs en droits musicaux
La musique n’est plus seulement un terrain d’expression artistique, c’est une économie structurée. Pendant longtemps, les données sur les revenus, les royalties ou la croissance du secteur étaient opaques, souvent inaccessibles aux investisseurs individuels. Cette absence de visibilité compliquait l’évaluation des risques et des rendements liés aux droits musicaux.
Mais en cinq ans, deux dynamiques majeures ont changé la donne : l’émergence de plateformes comme Bolero, qui fractionnent et démocratisent l’accès aux droits, et la publication régulière de données consolidées par l’IFPI et Spotify.
Ces rapports sont clés, car ils :
- Fournissent des repères fiables par type de revenu (streaming, physique, synchronisation, exécution publique)
- Confirment les dynamiques de croissance à l’échelle mondiale
- Détaillent comment les artistes sont réellement rémunérés
- Mesurent l’impact des langues, des territoires et des plateformes dans la génération de royalties
Pour les investisseurs cherchant à se diversifier au-delà des actions et de l’immobilier, les droits musicaux représentent une opportunité culturelle, internationale et génératrice de flux.
2. Décryptage du Global Music Report 2024 de l’IFPI
L’IFPI (Fédération internationale de l’industrie phonographique) est l’organisme de référence du secteur de la musique enregistrée. Son rapport annuel est considéré comme la référence mondiale sur les performances économiques du secteur.
En 2024, les revenus mondiaux de la musique enregistrée ont progressé pour la dixième année consécutive, atteignant 29,6 milliards de dollars, soit une hausse de 4,8 % par rapport à 2023. Si la croissance ralentit légèrement, la tendance reste solide et structurelle.
Le streaming reste le moteur principal
Le streaming représente désormais 69 % du chiffre d’affaires global, franchissant la barre des 20 milliards de dollars. Les abonnements payants ont généré à eux seuls 15,1 milliards de dollars, avec 752 millions de comptes abonnés (+85 millions sur un an). Une croissance de 9,5 % qui confirme l’adhésion durable des consommateurs à ce modèle.
Les formats physiques restent étonnamment solides
Le marché du physique a baissé de 3,1 %, à 4,8 milliards de dollars — un léger recul après une croissance exceptionnelle de 14,5 % en 2023. Le vinyle, quant à lui, continue de progresser (+4,6 %) pour la 18e année consécutive, dépassant toujours les ventes de CD. Pour les investisseurs, ces formats constituent une niche stable, portée par la valeur émotionnelle et la vente directe aux fans.
L’exécution publique et la synchronisation progressent
Les droits d’exécution publique ont généré 2,9 milliards de dollars (+5,9 %) et les revenus liés à la synchronisation (films, pubs, jeux) ont atteint 650 millions (+4,7 %). Ces revenus, moins exposés au cycle économique, démontrent la capacité de la musique à s’insérer dans des contextes variés.
Une croissance portée par les marchés émergents
- MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) : +22,8 %, avec un modèle quasi intégralement basé sur le streaming (99,5 %)
- Afrique subsaharienne : +22,6 %, franchissant pour la première fois les 100 millions de dollars
- Amérique latine : +22,5 %, 15e année consécutive de croissance
- Europe : +8,3 %, portée par la France (+7,5 %)
À noter : le Mexique entre dans le top 10 mondial des marchés musicaux, devant l’Australie, et le Brésil affiche une croissance de 21,7 %.
3. Loud & Clear 2025 de Spotify : la transparence sur les royalties
Le rapport annuel de Spotify, Loud & Clear, propose une lecture fine du fonctionnement des revenus issus du streaming. L’édition 2025 met en lumière des tendances structurantes.
Des versements record aux ayants droit
Spotify a versé plus de 10 milliards de dollars aux ayants droit en 2024, contre 9 milliards l’année précédente. Depuis sa création, la plateforme a distribué près de 60 milliards de dollars, contribuant largement au doublement des revenus mondiaux de la musique enregistrée depuis 2014.
La montée en puissance d’une classe moyenne d’artistes
- Près de 1 500 artistes ont généré plus d’un million de dollars grâce à Spotify en 2024, dont 80 % sans figurer dans le Top 50 quotidien mondial.
- Plus de 12 500 artistes ont dépassé les 100 000 dollars de revenus annuels, signe d’une structuration du milieu artistique vers des carrières viables.
L’indépendance comme modèle rentable
Les artistes et labels indépendants ont perçu plus de 5 milliards de dollars — soit environ la moitié des royalties versées par la plateforme. Ce chiffre reflète la montée en puissance des modèles alternatifs de production et de distribution.
Un levier global et multilingue
- Plus de 50 % des artistes gagnant plus de 1 000 dollars ont touché la majorité de leurs revenus à l’international.
- La musique dans huit langues différentes a généré plus de 100 millions de dollars de royalties chacune — contre seulement deux (anglais et espagnol) en 2017.
4. Ce que cela signifie pour les investisseurs : les droits musicaux comme classe d’actifs
Les enseignements du rapport Loud & Clear de Spotify mettent en lumière plusieurs éléments essentiels pour les investisseurs désireux de mieux comprendre le potentiel structurel de cette classe d’actifs.
Diversification des sources de revenus
La montée en puissance d’une « classe moyenne » d’artistes et la croissance constante du secteur indépendant traduisent une répartition des revenus moins concentrée qu’auparavant. Cela réduit le risque lié à la surdépendance vis-à-vis de quelques superstars et ouvre des opportunités d’investissement sur un éventail beaucoup plus large de profils artistiques et de détenteurs de droits.
Pénétration des marchés internationaux
La part croissante des revenus générés par des audiences internationales et multilingues souligne l’importance d’une vision globale dans toute stratégie d’investissement musical. Les marchés émergents et les répertoires non anglophones constituent désormais des pôles de croissance majeurs, reflétant l’évolution des habitudes d’écoute dans le monde entier.
Le streaming comme catalyseur structurel
En dix ans, les paiements versés par Spotify aux ayants droit ont été multipliés par dix, illustrant l’impact transformateur du streaming sur la monétisation de la musique. L’adoption continue de ce mode de consommation laisse entrevoir un potentiel durable d’expansion des revenus à long terme.
Un écosystème mûr, diversifié et résilient
Les données de Spotify et de l’IFPI convergent : l’écosystème musical s’est considérablement diversifié. Les opportunités d’investissement ne se limitent plus aux contrats traditionnels avec les majors : elles s’étendent aux artistes indépendants, aux répertoires internationaux et aux catalogues de niche. Les revenus générés sont à la fois récurrents, segmentés par territoire, format et type de droit, et porteurs d’un potentiel de liquidité croissant à l’échelle mondiale.
Comprendre ces tendances est essentiel pour évaluer à la fois le rendement à court terme et le potentiel de valorisation à long terme des droits musicaux. Voici les points à retenir :
Des flux de royalties prévisibles et durables
Contrairement aux actions, dont la valeur fluctue au gré du marché, les royalties reposent sur une donnée tangible : l’usage réel. À chaque écoute, diffusion ou performance publique, des revenus sont générés. Et pour les titres à succès, cette mécanique peut durer plusieurs décennies.
Des événements culturels qui réactivent la valeur des catalogues
Des exemples comme « Pookie » d’Aya Nakamura après sa performance olympique ou « Running Up That Hill » de Kate Bush relancé par Stranger Things prouvent que les catalogues peuvent connaître des pics soudains de valorisation. Ces cas ne sont pas des exceptions, mais des démonstrations de la manière dont la culture populaire peut rebooster des œuvres existantes.
Une diversification structurelle
Les droits musicaux permettent une diversification unique selon la langue, le genre, le territoire ou encore le format. Un portefeuille mêlant rap français, pop latine et R&B américain n’aura ni la même exposition au risque ni la même sensibilité aux tendances qu’un actif unique ou un ETF traditionnel.
Une décorrélation des cycles économiques
En 2020, alors que le PIB mondial chutait, les revenus de la musique augmentaient de 7 %. Cette résilience est structurelle : l’écoute musicale est ancrée dans les habitudes, émotionnelle, et peu influencée par les crises économiques. En ce sens, les royalties constituent une source de revenus peu corrélée aux marchés traditionnels.
La musique n’est pas seulement résiliente face aux crises économiques — elle est résiliente face à l’obsolescence.
Les droits musicaux sont désormais une classe d’actifs à part entière. Portés par des revenus récurrents, une exposition internationale et des opportunités de valorisation en cas d’événements culturels, ils offrent une alternative sérieuse aux investisseurs modernes.
Avec Bolero, cette opportunité devient concrète : nous permettons à chacun d’accéder aux droits publishing et master via une plateforme transparente et sélective. Car derrière chaque chanson emblématique se cache une ligne de revenus prête à être activée.